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my baby blog 1.0
basson

10 mai 2004: 26 ans déjà que j'écris avec plus ou moins d'assiduité dans un "journal". Pour qui ? Pour quoi ?
Ne sommes nous pas tous faits de la même pâte ?
La page web consacrée à mon père m'a fait réaliser il y a peu que des sentiments, pour intimes qu'ils soient, n'en sont pas moins universels.
Aussi, à la faveur de la mode des 'blogs', et à l'orée de ma nouvelle vie de papa, ce "journal en ligne" va-t-il succéder au précédent.

Pour satisfaire aux règles du genre, j'ai adopté un ordre anachronologique, illustré mes propos de photos et de liens hypertextes lorsque cela était possible, et je me propose aussi de publier les commentaires qui voudront bien me parvenir sur  en précisant l'emplacement où ils devront apparaître.

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1er décembre 2012
Quelle ne fut pas ma surprise, d'apprendre par maman, de retour du lycée, que tu as aujourd'hui été impliqué dans une bagarre à l'école.
Non dans le rôle de la victime, comme je le craignais, mais pire encore, dans celui de l'opportuniste qui, entraîné par la meute, distribue quelques coups de pieds gratuits.
baston On appelle de suite la maman de la petite victime puis, c'est à ton tour de passer un sale quart d'heure : Le manque de panache de ton implication nous navre et nous prononçons à ton encontre des phrases très dures qui te blessent sans doute, à en juger par ton air contrit.
C'est en effet la première fois que nous disons avoir honte de toi. Les mots te font mal comme tu réalises l'énormité de la situation. Tu restes pétrifié, le regard perdu et la mine déconfite. Je ne sais que trop ta terreur de perdre notre amour. Aussi, on t'assure dans le même temps que cela ne diminue en rien notre attachement, que chaque Homme a le droit de se fourvoyer parfois et que l'essentiel est de tirer des leçons de ses fautes pour en sortir grandi.
Te voilà rassuré d'entendre ce discours, comme si cet incident avait pu vraiment nous éloigner...
Si seulement tu savais, mon fils, à quel point nous sommes fiers de toi, de ce que tu fais, de ce que tu deviens jour après jour.
Quoi que tu fasses, mon amour t'est acquis à jamais, comme la pesanteur est acquise à la masse. Et cette pacotille, dérisoire incident de parcours, ne remet pas plus en cause cet amour qu'un saut de puce ne remet en cause la loi universelle de la gravitation.

avion
16 octobre 2012
Depuis quelques temps, poussé sans doute par tes lectures,tu m'aiguillonnes avec une question des plus embarrassantes :
"C'est quoi l'âme ?"
Mes explications que je ne veux ni trop techniques, ni trop mystiques ne te satisfaisant pas le moins du monde, je saute sur l'occasion d'éclaircir le problème que nous offre l'émission de France Inter : "Les p'tits bateaux".
Ce dimanche, un philosophe-chercheur se propose de lever le voile sur la question qui nous taraude.
Nous écoutons donc attentivement ses explications, mais contre toute attente, non seulement tu restes de marbre, mais je dois dire qu'à l'issue de son développement, j'ai même des doutes sur ma propre compréhension du sujet... Comment-donc aborder la question ?
De manière totalement inattendue, c'est Wall-E, le robot héros du film éponyme des studios Pixar qui trouve faveur à tes yeux et aux miens pour éclaircir le sujet...
Lorsque Wall-E revient tout démantibulé de son séjour dans l'espace, Eve le reconstruit, est-il encore vivant ?
La réponse est clairement oui, il s'active, réagit aux sollicitations et reprend même son boulot de "nettoyeur".
Pour autant, il n'est manifestement plus le même, comme "ré-initialisé" par ses traumatismes répétés. Il ne reconnaît plus les objets sur lesquels il avait jeté, naguère, son dévolu et, par dessus tout, reste totalement indifférent aux avances de son amoureuse.
Il lui manque donc quelque chose de fondamental pour faire en sorte qu'il soit tout à fait lui-même... Il lui manque... mais oui... Il lui manque son âme !
La simplicité de la démonstration n'a d'égale que son efficacité... Merci Pixar !


3 août 2012
Nouvelle escapade sur la côte Turque de la mer Égée. Dans cette maison au bord de la mer, on retrouve les traces de notre passage sous la forme d'un petit arc, des jouets et des dessins que tu y as laissés trois et cinq ans plus tôt...
rateau La nostalgie est décidément un sentiment bien étrange, sacralisant la beauté des instants passés au risque de mésestimer le présent. Mais comment ne pas craquer au souvenir de tes descentes à la plage, trônant dans ta poussette au milieu d'un parterre d'adolescentes en mal de bébé à aimer ?
Désormais, du haut de tes sept ans et demi, tu n'attires naturellement plus grand monde et te retrouves bien souvent seul à gratter le sable en attendant l'heure de la crème glacée.
Ta belle assurance de l'époque a fait place à d'angoissantes questions : "Mais comment on se fait des copains ?"
Je m'efface alors discrètement car sur le thème, je te laisse en référer à ta mère plutôt que de te voir suivre mes traces faites, en la matière, d'écueils et de déconvenues.
Aussi, j'oublie volontairement parfois le jeu d'échecs et les diabolos, te laissant bien malgré moi galérer au milieu de tes pairs et leurs jeux à la con.
Cependant, au bout de quelques jours, par mon entremise, tu sympathises avec une charmante jeune fille de deux ans ton aînée qui, aimante et attentionnée, t'attend désormais chaque matin pour refaire le monde à coups de pelle et de râteau.
Seulement voilà, la charmante jeune fille en question reçoit ses cousines dans trois jours...
Tu y vois là l'occasion de te faire de nouvelles copines quand je redoute la nature volage de la miss et un autre râteau, moins rigolo...
Bingo ! Du jour au lendemain, la copine se métamorphose en parfaite pimbêche et te snobe désormais, affublée de ses aînées en goguette.
Je me garderai bien d'y voir là un cliché de la nature féminine, même si cette situation m'évoque immanquablement une certaine chanson de Brassens. Il n'en reste pas moins qu'avec ton petit seau et ta pelle tu avais bien l'air d'un con face à la Marinette qui, pour le coup, t'offre pour peu de frais, une importante leçon de vie :
Le verbe aimer n'est pas facile à conjuguer...

avion
20 avril 2012
Ça devient presque une habitude, au moment de partir pour une semaine de voyage-nature, je suis submergé par une vague de sentiments contradictoires, l'excitation de goûter les prémices de l'aventure le dispute au doute de ne pas être à ma place loin de toi, d'aller chercher ailleurs le bonheur qui me tend les bras ici, au travers de notre quotidien.
Ainsi, te quitter, mon fils, demeure toujours une épreuve...
Vivement que notre raid à ski débute et balaye ces pensées malsaines...
Nous arrivons à Oslo à la mi-journée et profitons de l'après-midi pour visiter cette étonnante capitale aux allures de gros bourg.
Le lendemain, nous prenons le premier train pour Finse, à quelques 300 km au Nord-Ouest d'Oslo. Après cinq heures de voyage, on passe sans transition du confort feutré du train à la neige omniprésente. Nous chaussons les skis sur le quai même de ce qu'on peut difficilement qualifier de "gare" pour nous rendre au refuge tout proche. Là, nous déposons tout le gros matériel et repartons sans tarder pour un tour de chauffe d'une quinzaine de kilomètres sur le glacier qui nous fait face.
Le ton est vite donné : vent, neige, brouillard, pentes glacées, c'est ce cocktail qui nous accompagnera sur tout le début du raid. Dans ces conditions, les peaux de phoque à la montée sont tout aussi incontournables que les gamelles à la descente. Malgré cette mise en jambe éprouvante, on retrouve le refuge le soir emprunt d'une excitation délicieuse : Cette virée que l'on rêvait depuis longtemps a enfin commencé...

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concert
2 avril 2012
Des gamins de ton âge abattus froidement par un intégriste musulman à la sortie de l'école. C'est le tableau désolant que nous offre l'actualité du moment.
Je suis déjà passablement ébranlé par ces événements pour te faire partager, en plus, ce traumatisme. Aussi, on évite soigneusement en ta présence les infos de tous poils.
Mais une minute de silence à la mémoire des victimes est décrétée dans toutes les écoles de France, qui nous oblige à évoquer, par avance, le sujet avec toi.
L'exercice est périlleux. Comment évoquer l'injustice, l'arbitraire, l'obscurantisme lorsqu'il triomphe du droit ?
J'aimerais tant te dire que les cauchemars ne se réalisent pas, que les méchants sont toujours punis, que papa sera toujours là pour te protéger...
Mais je n'en fais rien...
Que dire alors, que faire ? Face à ce déferlement d'ignominie, je préfère encore me réfugier le temps d'un concert ou d'un souvenir, dans ton monde d'innocence et de beauté...


24 mars 2012
perce neige
- Papa, c'est quoi la trisomie ?
- C'est une maladie, fils.
- Et c'est grave comme maladie, on en meurt comme maladie ?
- On n'en meurt pas, mon chéri, mais les trisomiques ils ne peuvent pas vivre comme tout le monde, leur cerveau ne se développe pas normalement. Les enfants qui ont cette maladie ne peuvent pas apprendre à lire ou à jouer de la musique comme toi.
Aussi, leur corps se développe différemment, ils ont un visage particulier, comme sur l'affiche que tu m'as montrée tout à l'heure, à vélo.
- Et ça leur fait mal ?
- Mais non, pas du tout.
- Ils sont malheureux alors ?
- Non plus, je ne pense pas.
- Mais j'en ai jamais vu, moi, des trisomiques.
- C'est une maladie assez rare. Et puis tu sais, quand un bébé va être trisomique, ça peut se voir dans le ventre de la maman; et bien souvent, les parents décident alors que le bébé ne va pas naître. C'est aussi pourquoi tu ne vois pas souvent des trisomiques.
- Mais papa, les parents ils ne peuvent pas décider que l'enfant ne va pas naître...
- ...
- Hein papa ? Les parents ils ne peuvent pas décider que l'enfant ne va pas naître...
Je tente, avec succès, de dévier la conversation, mais une heure plus tard, face à ton insistance, je ne peux plus esquiver.
Les questions s'enchaînent qui nous mènent, comme je le craignais, à évoquer le destin tragique de ton petit frère...
J'essaie d'être aussi pédagogue que possible pour aborder ces points sensibles pour toi comme pour moi, et c'est de bonne grâce que tu reçois mes explications, sans mesurer, à l'évidence, toutes les implications de ce que je te raconte là.
Sans plus attendre, après quelques minutes, tu retournes à tes Lego StarWars, me laissant un peu sonné d'avoir remué ce passé avec toi.

homosexuel
Quelques jours plus tard, dans des circonstances comparables, ton attention est de nouveau attirée par une affiche, cette fois-ci évoquant le mal-être des homosexuels.
Le sujet a quelque chose de fascinant et intriguant à la fois, surtout à ton âge. Tu ne comprends pas pourquoi le jeune-homme de l'affiche se fait chasser de chez lui ni pourquoi il est homosexuel d'ailleurs.
J'essaie de te parler de mes amis homosexuels, de la tolérance et de la connerie des hommes quand ils ne comprennent pas.
Tu ne sais pas bien où te situer entre tes camarades de classe qui trouvent que c'est dégueulasse d'être homosexuel, et mon discours plutôt rassurant.
- Mais est-ce qu'ils peuvent se marier les homosexuels ?
- Oui, parfois, suivant la loi du pay où ils vivent.
Dans le rétroviseur de la voiture, je te sens perplexe. A n'en pas douter, on va maintenant aborder la question des enfants, mais contre toute attente, tu rétorques :
- Oui, mais quand ils se marient c'est lequel qui porte la robe de la mariée ?

2 euros
5 février 2012
Le monde de l'enfance est décidément bien mystérieux...
Nous hésitions avec maman à te rejouer encore une fois le coup de la petite souris. Va-t-il encore y croire ?
Et puis, après une nuit à dormir sur ta dent fraîchement tombée, voilà que tu te lèves un peu décontenancé.
Maman et moi échangeons un regard entendu : Ça y est, ce matin on enterre la petite souris et sans doute aussi le père Noël avec elle, c'en est fini de jouer de ton innocence.
Tu arrives donc parmi nous tenant dans ta main l'objet du délit : Une pièce de deux euros.
- J'y crois pas...
- Ah bon...
- Oui, j'y crois pas, elle m'a donné que deux euros la souris !


14 janvier 2012
Alors qu'hier encore je m'interrogeais sur la pertinence de poursuivre ces lignes et envisageais sérieusement de mettre un terme à notre complicité, je suis tombé incidemment sur cette pub qui m'a renvoyé soudain toute la richesse de nos sept années de complicité, et par certains côtés, m'a beaucoup touché.
Dans la foulée, j'ai repris le fil de ces pages avec l'impression étrange de renouer avec un vieux copain trop longtemps négligé...
Depuis ma dernière contribution, plein de petits et grands changements ont émaillé nos existences.
A bicyclette tout d'abord, après avoir dépassé le poids-limite du siège-bébé, tu t'es installé sur mon porte-bagage pendant quelques mois à chanter à tue-tête dans mon dos et à glisser tes mains sous mes vêtements en hiver pour te réchauffer les doigts. Mêmes ces moments délicieux sont relégués au rayon des souvenirs depuis que tu me suis partout maintenant sur ton propre vélo. Les cale-pieds, quant à eux ont été reconvertis en sabre-lasers...
L'époque où je te laissais discrètement gagner à la moindre de nos joutes est elle aussi bien révolue, pour mon plus grand plaisir...
Ainsi donc, en natation, sur une longueur de bassin en battements de pieds, j'arrive maintenant avec deux bons mètres de retards sur toi et les cuisses en feu... Idem à la course sur l'ordinateur avec SuperTuxKart... Sans parler de la musique où je brille par mon ignorance tandis qu'après six mois à peine, tu nous impressionnes chaque jour par tes progrès fulgurants.

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