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my baby blog 1.0
Tetine
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10 mai 2004: 26 ans déjà que j'écris avec plus ou moins d'assiduité dans un "journal". Pour qui ? Pour quoi ?
Ne sommes nous pas tous faits de la même pâte ?
La page web consacrée à mon père m'a fait réaliser il y a peu que des sentiments, pour intimes qu'ils soient, n'en sont pas moins universels.
Aussi, à la faveur de la mode des 'blogs', et à l'orée de ma nouvelle vie de papa, ce "journal en ligne" va-t-il succéder au précédent.

Pour satisfaire aux règles du genre, j'ai adopté un ordre anachronologique, illustré mes propos de photos et de liens hypertextes lorsque cela était possible, et je me propose aussi de publier les commentaires qui voudront bien me parvenir sur  en précisant l'emplacement où ils devront apparaître.

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My darling child
14 décembre 2004:
J'écris ces lignes mon amour tandis que tu es endormi dans mes bras. Tant de sentiments se télescopent en ces moments là que j'ai vraiment du mal à mettre des mots sur ce qui se joue en moi. Il s'agit d'un mélange de fierté mêlée à un bonheur intense. Tiens, si tu as l'occasion d'écouter la chanson de Sinead O' Connor: "My darling child", elle traduit assez fidèlement ce que je ressens. A plusieurs reprises, d'ailleurs, j'ai essayé de te calmer en te la faisant écouter, mais manifestement, tu n'es pas encore sensible aux jolies mélodies... Cela fait des années que j'écoute cette chanson en me demandant quand j'aurai le bonheur de le faire avec un enfant dans les bras...

Petite incursion du 12 décembre 2006: hier, tandis que je te serrais contre moi avant de te coucher, quelle ne fut pas ma surprise de t'entendre fredonner: "my baby boy...", les premiers accords de notre chanson fétiche !


19 novembre 2004:
Je te regarde désormais endormi les poings fermés dans ton petit lit en plexiglas et je me grise à tenter d'imaginer ce que tu seras dans 10, 20 ou 30 ans: un astronaute en route pour Mars ou un supporter du PSG buveur de bière, un escaladeur émérite ou un accroc de la zappette, un bienfaiteur de l'humanité ou un monstre sanguinaire. Tout cela dépend, entre autres, de notre comportement à ta mère et moi. Ces nouvelles responsabilités me remplissent tout autant d'inquiétude que d'une force fantastique jusque là insoupçonnée.


16 novembre 2004:
Tout a été si vite: notre balade en bord de mer dimanche après-midi. Ta mère souffrait alors de contractions au rythme d'une toutes les demi-heure en moyenne. Ta grand-mère qui passe exceptionnellement à la maison dans la soirée tandis que le rythme des contractions s'accélère en même temps qu'augmente leur intensité. A 22 heures, branle-bas de combat: naissance la douleur devenant trop lancinante, tout le monde sans trop y croire se met en route pour la clinique où la sage-femme confirme l'imminence de l'accouchement. Le reste sera à jamais gravé dans ma mémoire comme les instants les plus intenses de mon existence. L'émotion était telle d'ailleurs, qu'au moment précis de la délivrance, craignant de m'évanouir, j'ai malheureusement dû quitter la salle d'accouchement. Quelques minutes plus tard, je te découvre enfin mon chéri, mon amour, mon enfant, criant du plus profond de tes poumons tout neufs.


14 novembre 2004, 23h32:
Ça y est fiston, on connaît enfin la date de ton anniversaire. Tu m'excuseras de ne pas être beaucoup plus expansif, mais je suis très mal à l'aise d'entendre et de voir ta mère se tordre de douleur à chaque contraction...


7 novembre 2004:
Tandis qu'il y quelques mois encore, nous tremblions de peur à l'idée d'un accouchement prématuré, nous sommes à présent bien impatients de ton arrivée. Ta mère subit aujourd'hui son dernier "monitoring" avant l'accouchement et c'est ainsi au son des battements de ton cœur amplifiés par la machine que j'écris ces lignes...
monitoring

cariole
20 octobre 2004:
Nous venons de participer avec ta maman au dernier cours d'accouchement, qui fut d'ailleurs pour moi le premier. Nous voilà désormais brieffés sur la conduite à tenir depuis les premières contractions jusqu'à notre sortie de la maternité -tiens, c'est marrant, je crois que ce "nous" est le premier qui t'inclut. Ce matin, nous avons également été traîner chez Décathlon où nous avons fait de sérieux repérages en ce qui concerne la carriole dans laquelle nous ferons nos premières balades à bicyclette.
C'est fou comme déjà on t'aime tant !


9 octobre 2004:
Mon cher amour, t'as bien vu la date: ces lignes risquent fort d'être les dernières avant ta venue dans notre monde aérien. Il sera alors temps pour nous de passer du rêve à la réalité. Cela fait tant de mois que l'on t'idéalise. Sans trop y croire tout d'abord, puis à force de te sentir bouger, hoqueter et grossir de jour en jour, force nous est d'admettre la réalité de notre bonheur: tu es là !
Ta mère est belle comme un fruit trop mûr et nos relations elles aussi sont résolument au beau fixe. J'étais tout d'abord impatient de ta naissance, et puis à bien y réfléchir, n'est-ce pas délicieux que de tout partager avec toi comme maintenant ? Tu ne seras jamais autant en sécurité que maintenant, jamais aussi beau que tel qu'on t'imagine.


21 août 2004: musique intra-utero
C'est fou mon amour ce que le temps passe vite. Cela fait déjà plus d'un mois que je ne t'ai retrouvé, du moins par écrit car chaque jour avec ta mère on s'extasie à sentir les petits coups dans son ventre. A ces occasions, j'ai découvert sur le visage de ta maman une nouvelle expression, celle d'un amour que je ne connaissais pas. Je ne suis pas peu fier d'avoir pu la saisir sur la photo que voici.
Dans le même temps, j'aimerais aussi que tout passe encore plus vite tant je suis impatient de te serrer contre moi et tant je crains aussi qu'il t'arrive malheur avant terme.
"Nous sommes trop heureux, j'ai peur que ça ne dure pas..." me confiais hier ta mère à la foire de Palavas. Aussi, sans se l'avouer, nous sommes rassurés de savoir que dans l'état actuel de ton évolution, tu serais déjà viable en cas d'accouchement prématuré. Cependant, je t'assure, ne sois pas trop pressé de nous rejoindre car tu n'es pas près de retrouver une pareille douceur. A l'instar du papa du film de Benigni: "La vie est belle", j'aimerais te cacher la laideur du monde, mon amour. Mais je sais d'avance que c'est peine perdue... en revanche, tu peux compter sur moi pour te montrer la volupté d'un réveil dardé par les premiers rayons du soleil après une nuit passée en montagne à rêver aux splendeurs de la voie Lactée...


4 juillet 2004: peinture
Tout va si vite... Hier on s'inquiétait encore pour ta santé. Aujourd'hui, tous les résultats étant positifs, nous nous laissons enfin aller au bonheur béat des projets d'avenir. Et je réalise enfin que le rôle de père n'est pas de tout repos... Seule ombre au tableau en effet: ta maman semble être atteinte du syndrome de "l'oiseau qui fait son nid": Il faut bien sûr refaire les papiers peints de la chambre qui accueillera ton berceau, refaire le sol du salon car il n'est pas propre, construire une salle de bain à la place des chiottes, et des chiottes à la place de l'actuelle salle de bain, mettre une rampe dans l'escalier au cas où tu envisages de les descendre prématurément... Dieu merci, elle n'a pas encore eu l'idée de toucher à l'ordinateur ! Et j'ai beau lui opposer toute l'inertie de ma paresse, rien n'y fait, je ne peux pas lutter contre les hormones...


14 juin 2004:
Nous sommes très inquiets ta mère et moi: demain, nous devons récupérer les résultats de l'amniocentèse pratiquée deux semaines auparavant.


5 juin 2004:
Depuis peu, on a entrepris avec ta mère de communiquer avec toi ! Elle se tartine le ventre avec des huiles mystérieuses et me laisse parfois coller mon oreille sur son bidon en attente d'un bruit, d'un signe, d'un mouvement de ta part. Bon, soyons honnête, jusqu'à présent, c'est pas très riche comme conversation. Ça ressemble même plutôt à un monologue, mais on flippe tellement sur toi que notre imaginaire fait le reste et ça nous suffit amplement. Pour le moment. balade sur l'Aigoual Penser à toi me remplit de bonheur. Le mot bonheur ici n'est pas employé au hasard. il ne s'agit pas de contentement, de joie comme après l'ascension d'une belle montagne, mais du vrai bonheur ! Cependant, ce bonheur est rarement exempt d'inquiétude à propos de ton évolution jusqu'au jour de ta naissance, autant qu'en ce qui concerne la violence du monde auquel nous allons te livrer.


3 juin 2004:
Ouff !.... Tu peux pas savoir comme on est soulagés. Étonnamment, on a l'impression de te retrouver à chaque fois qu'on t'aperçoit à l'échographie. Et quand on quitte le cabinet du médecin, c'est un petit peu comme si tu restais chez lui jusqu'à la prochaine visite... Ce matin, c'était pourtant un peu plus sérieux que d'habitude: on a rendez-vous pour prélever un peu de liquide amniotique à des fins d'analyse. L'acte est très rapide et presque indolore, mais je te dis pas le film qu'on se fait avec ta mère concernant la suite des évènements.
Tu vois bonhomme -on sait depuis peu que tu es bien un petit bonhomme et non une petite fille- je ne sais pas où nous en serons tous quand tu liras ces lignes, peut-être que les choses seront très différentes, peut-être ne serons-nous plus tous ensemble pour t'en parler, peut-être enfin que la pudeur nous paralysera... Tu dois savoir en tout cas que tes parents t'ont aimé et désiré de toutes leurs forces. Bien sûr, c'est plus facile à écrire seul dans une voiture à attendre que ta mère quitte la clinique plutôt qu'à dire à un grand gaillard de 20 ans...


22 mai 2004: Antier
Autant te le dire tout net: Je suis déçu !
Depuis plusieurs semaines que nous sommes plongés ta mère et moi dans le fameux livre à la couverture rose et bleue que tout honnête couple a lu un jour: "Attendre mon enfant aujourd'hui". Nous nous délectons avec ivresse de toutes les photos en 3D de ta petite frimousse, chaque détail sur la façon dont tu espionnes notre monde nous emplit de bonheur... Et voilà que j'apprends au détour du chapitre sur "le mystère de la vie" que non content d'uriner dans le liquide amniotique, tu bois goulûment ce dernier afin "d'exercer ton goût" -sic !
Voyons mon garçon, ressaisis-toi ! Ce ne sont pas là les manières d'un honnête homme ! Il est grand temps de passer au suçage de pouce ou je ne sais quelle autre pratique plus digne de nous...
Allons bon ! Il paraîtrait que t'as rien trouvé de mieux pour rôder ton tube digestif et tes reins. Si c'est comme ça, je dis plus rien. Et si en plus tu nous prépares une jolie risette -déconne pas, ça aussi c'est marqué dans le bouquin- pour la prochaine échographie de vendredi, alors là c'est promis, on oublie tout...


15 mai 2004:
by the river...
Ta maman est délicieusement affalée sur mes genoux. Nous passons cette fin de week-end dans les Cévennes au bord de l'Hérault. Tu peux pas savoir à quel point ta presque-existence occupe une grande place dans nos vies: tu es déjà au centre de nos conversations, de nos photos et de nos disputes aussi...
En ce qui me concerne, ta présence paradoxalement m'est devenue réelle essentiellement depuis que j'ai commencé à t'écrire. Ça ne me paraît pas possible que j'écrive ces lignes pour rien ni personne, pas plus ces lignes que celles du "journal" que je rédige depuis l'âge de 11 ans avec plus ou moins d'assiduité, et sur lequel tu te prendras peut-être la tête un jour. Je t'imagine ainsi avec nous au bord de cette même rivière dans 20 ans, à découvrir cette émotion qui fut la nôtre.


6 mai 2004:
échographie J'ai posé hier mes mains sur les hanches de ta mère. La rondeur que j'y ai sentie m'a décidé à ne point trop traîner à prendre la plume -disons plutôt le clavier... Par ailleurs, depuis quelques semaines, ses cheveux ont changé. Leur texture tout d'abord, et puis leur odeur -je te parle même pas de ses seins... A n'en pas douter, ta présence commence maintenant indéniablement à se faire sentir. Le changement le plus radical n'est pourtant pas physique: Il faut la voir guillerette se maquiller devant le miroir de la chambre ou piaffer à la sortie du dernier film avec je ne sais quel bellâtre bodybuildé: l'optimisme est de rigueur, et pas seulement lorsqu'après une visite chez le gynéco, elle m'appelle pour me raconter éblouie ta belle physionomie de têtard monochrome.

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