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my baby blog 1.0
IgorFrench version

I have been keeping a diary more or less regularly for the last 26 years . For whom ? Why ?
Aren’t we all made of the same stuff ?
The web page devoted to my father made me realize a short while ago that feelings, no matter how intimate are also universal.
And so, following  « blog » fashion and instigated by my new life as a father, this on-line journal is to succeed the previous one.


Keeping up with the rules, I have adopted the 'anachronological' order, illustrating my proposals with photos and hypertext links whenever possible, and I also intend publishing any comments which are sent to me on
mentioning the place you want them to appear.


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30 juillet 2007:
Nous avions prévu de passer ces vacances d'été à la maison. Au lieu de cela, tu t'éclates au bord de la mer Egée dans une baie aux couleurs de paradis.
Si on en croit le dossier de grossesse de ta mère, ce 30 juillet devait être aussi le début d'une belle histoire et non l'épilogue d'une bien triste nouvelle.
Comme chaque matin depuis que nous sommes ici, je me lève vers six heures afin de nager quelques kilomètres à l'abri de la chaleur et des beaufs sur leurs jet-skis, mais ce matin j'ai noué à mon cou une poche étanche contenant la petite urne funéraire qui nous a suivi jusqu'ici.
Ça fait un bruit de maracas à chaque pas jusqu'à la plage déserte et une fois dans l'eau, rien ne va plus: j'imaginais mon lourd pendentif battre fièrement ma poitrine à chaque mouvement de crawl, mais en définitive, il flotte misérablement à mes côtés.
C'est donc au fond de mon slip de bain que l'urne effectue son dernier voyage. Pas très romantique mais beaucoup plus efficace pour nager...
Une fois au milieu de la baie, il faut bien l'avouer, le spectacle est grandiose,
la côte est déjà loin, la mer est d'huile, le ciel est constellé de petits nuages qui changent de couleur à mesure qu'apparaissent les premières lueurs de l'aube. Et par dessus tout, ce bleu-sombre sans fin sous mes pieds... Je suis avec attention les rayons du soleil qui semblent jaillir de derrière la montagne et font qualifier par certains de divine cette lumière tandis qu'il ne s'agit que d'un bête phénomène de perspective -passons.
Lorsque le disque solaire passe la crête, j'agite les bras pour signifier à maman qui suis le spectacle depuis la terrasse de la maison, que le moment est venu -elle prend le cliché ci-contre.
Je déballe soigneusement le contenu de la pochette et ...
...Et j'ai beau me dire que cette petite boîte métallique en forme de coeur ne contient qu'à peine 10 % -soit quelques grammes- des cendres de l'enveloppe charnelle d'un amour, pour 90 % de charbon de bois, je m'y rattache comme à une ultime bouée de sauvetage.
Les cendres dans l'eau se dispersent autour de moi en descendant lentement vers l'abîme. J'hésite maintenant à me débarrasser aussi du petit coeur, je suis pris de sanglots à l'idée de laisser partir cette dernière trace matérielle de notre fils, aussi futile soit-elle.
Et puis là encore, je suis surpris par le côté très esthétique de la scène: le boîtier sombre lentement dans le bleu tandis
que le couvercle virevolte en renvoyant à chaque tour la lumière du soleil.
Non, ce n'est pas notre enfant qui nous adresse un dernier coucou, pas plus que je n'ai songé un seul instant à
sombrer à sa suite dans cette mer qui porte pourtant son nom. Là bas, toi mon fils unique, tu dors encore avec maman à tes côtés. Je vais venir te préparer ton biberon, j'arrive...


9 juillet 2007:
sur les épaules de papa
Ça fait pas mal de temps que j'hésite à poster un message sur ce blog: Tout me paraît si dérisoire  désormais et pourtant, je l'ai déjà précisé, la vie continue, pour le meilleur et pour le pire. Différente, à peine plus inquiétante et totalement vidée du peu de religiosité que je lui accordais jusqu'à présent.
L'histoire de ce petit frère aura été si intense et si brève. Pour toi, si mystérieuse et tellement associée aux larmes de tes parents qu'aujourd'hui encore, lorsque les yeux de maman s'embrument, tu t'approches parfois d'elle et lui murmure gentiment: "le petit frère il est malade?.."
La mort fait peut-être partie de ton vocabulaire mais ce mot recouvre pour toi une notion encore très floue: C'est Bambi affolé qui court dans la forêt, Rox-le renard adopté par une mamie fort sympathique, un petit frère qu'on t'annonce à grand renfort de sourires et de sous-entendus, qui te pique déjà ta chaise haute, ton lit à barreaux, puis qui ne vient pas et qui fait pleurer tes parents.
Comme je t'envie mon fils de vivre dans un monde où ceux que tu aimes sont invulnérables et éternels.
Tu te rendras compte bien assez tôt que mon hernie discale ne m'autorisera plus très longtemps à te porter sur les épaules, qu'au toboggan de la piscine, tandis que tu glappis d'excitation, calé et confiant entre mes jambes, dès le premier virage passé, je ne contrôle plus rien... Pire encore, lorsque parfois les monstres embusqués sous ton lit te font appeler papa à la rescousse en pleine nuit, l'intervention est rapide et efficace mais si tu savais mon chéri, papa aussi a ses démons qui lui font peur...


11 juin 2007:

L'âme, le corps, où se cache l'individu ? Où est notre enfant ? Entre ces six petites planches qu'on balance dans les flammes, j'en doute même si je n'ai aucune certitude sinon celle d'aimer comme jamais cet enfant, cette idée, déjà ce souvenir et de souffrir de son absence à m'en déchirer le coeur.
J'ai bien sûr sacrifié au cliché du papa effondré en larmes sur le cercueil de son enfant, mais je n'ai pas voulu assister à la projection vidéo de la crémation avec le petit poème qui défile en dessous comme au karaoké.
Pendant l'heure que dure l'incinération, j'ai été me promener dans le parc voisin et cueilli un joli bouquet pour maman avant d'aller récupérer l'urne funéraire dans son petit sac de velours rouge.


7 juin 2007:
Visite matinale du gynécologue. Au vu de la facilité avec laquelle l'accouchement a eu lieu, nous sommes autorisés à rentrer chez nous dès aujourd'hui. Quelques petites pilules pour le sommeil, d'autres pour stopper la montée de lait et nous voici déjà à ranger toutes nos affaires.
Au moment de quitter la clinique, point de soulagement mais une profonde tristesse à l'idée de quitter aussi les seules et uniques personnes qui, 
avec nous, auront connu notre petit bonhomme malchanceux.


 Ege6 juin 2007:
La nuit fut courte, à écouter Benabar et à visionner les photos de nos jours heureux sur l'ordi portable.
Dès 6 heures, une infirmière vient administrer quelques cachets qui font rapidement leur effet en déclenchant des contractions périodiques.
7h30: On vient nous chercher, Adieu mon fils, Adieu mon amour... On descend à l'unité de radiologie afin d'effectuer un prélèvement de liquide amniotique en vue d'établir le caryotype du bébé. Dans la foulée, et toujours sous contrôle échographique, je vois une nouvelle aiguille pénétrer le cordon ombilical pour prélever un peu de sang du bébé. L'aiguille reste plantée dans le ventre de maman et le médecin y adapte un tube de liquide jaunâtre qu'il s'empresse d'injecter, puis un autre tube à l'identique. Je ne sais que trop ce que cela signifie. Maman est déjà loin, une voix au fond de moi crie: "Non, arrêtez !..".  Dans les secondes qui suivent l'échographiste nous annonce d'une voix feutrée qu'on vient d'arrêter la vie du bébé. On vient de franchir une nouvelle étape...
On monte ensuite à l'étage où maman est préparée comme pour un accouchement classique.
Notre situation doit tout de même être assez pathétique car même la sage-femme a du mal à retenir ses larmes. Ce témoignage d'humanité  dans ce milieu si aseptisé me touche.
Après toute cette frénésie, une fois la péridurale posée, on se retrouve dans l'oeil du cyclone: on nous laisse seuls, tout est calme, maman écoute de la musique, lit Gaston Lagaffe et moi j'écris ces lignes à ces côtés.
On pleure par intermittence puis rigole aux conneries de Gaston pour évacuer le stress. J'ai peur de ce qui est à venir, voir le bébé mort, le serrer, comment vais-je faire et par dessus tout, comment allons-nous le rendre ?

L'accouchement en lui-même a été une formalité.
nouveau départ
A 11h33, le bébé a été expulsé sans encombre. Presque la routine pour les sage-femmes présentes, si ce n'est que mes sanglots remplaçaient les cris du nouveau né. On se retrouve alors à nouveau seuls en salle d'accouchement tandis qu'on prépare l'enfant: on le mesure, le pèse, le lave et l'habille. Un quart d'heure plus tard, sans trop y croire, je sors signaler que nous sommes prêts à le voir...
Les instants qui suivent, je crois que je les revivrai jusqu'à ma propre mort. Tout emmailloté dans une couverture bleue, on nous apporte un superbe bébé de 2,5 kg pour 45 cm. Je suis d'abord surpris par la couleur violacée de son visage, la texture de ses petites mains livides, ses doigts collés. Mais très vite nous ne voyons plus ces détails insignifiants, il n'est pas bleu, il n'est pas mou, depuis notre nuage il n'est même pas mort. C'est notre enfant et c'est tout, lui aussi, comme toi, pétri d'amour et de bonheur, lui aussi désiré et aimé qui prend sa place à tout jamais dans nos coeurs.
Je suis le premier à le prendre contre moi, à l'embrasser tendrement, à le toucher et l'aimer -ça fait des traits blancs sur son visage quand on le serre trop fort . Quand maman le prend à son tour, je sors l'appareil photo. Tout semble tellement irréel dans ces moments là... Que n'ai-je pris davantage de clichés... je suis si frustré désormais à les repasser en boucle sur l'écran de l'ordinateur.
Combien de temps sommes-nous restés ainsi avec lui ? Une heure, peut-être plus, avant que maman me fasse remarquer qu'il prend une drôle de couleur et puis il devient tout froid...
J'appelle à nouveau pour qu'on vienne le chercher.
On se retrouve encore une fois seuls en salle d'accouchement. C'est un morceau de nous-mêmes qu'on nous arrache et qui part sans bruit dans les bras de cette sage-femme adorable.
La vie, la mort et tout ce qu'elle nous inspire, plus rien ne sera jamais comme avant désormais.

Plus tard, de retour dans notre chambre maman s'effondre sur son lit. Je m'allonge un moment contre elle, la main sur son ventre. Ce n'étaient rien que des petits coups diffus, mais comme cela me manque déjà...
Pour ne pas craquer à mon tour, je dois m'activer. Après avoir récupéré l'attestation de naissance d'un enfant sans vie, je traverse la ville à vélo pour engager au plus vite les démarches post mortem.  C'est à la fois rassurant  et tellement déstabilisant de constater qu'à l'extérieur rien n'a changé. Aussi scandaleux que cela puisse nous paraître,  la vie continue...
Déclaration à l'état civil puis commence la tournée des croque-morts: le pin ou le chêne ? Et l'urne... métal ou porcelaine ? Tout ce business macabre est à vomir. Je ne supporte pas qu'on puisse douter une seule seconde de ma douleur ou de mon amour de père sous prétexte que je me contrefous de ces pitreries de funérailles.



5 juin 2007:
Prise de sang matinale, visite de l'anesthésiste, du gynécologue puis du pédopsychiatre qui nous aide à faire le tri parmi tous les sentiments contradictoires qui nous assaillent.
15 heures: Quartier libre ! On part se balader en ville avec une insouciance déconcertante au regard de l'échéance qui nous attend dans quelques heures.
22 heures: Maman dort à côté de moi shootée par un somnifère. Couchée en chien de fusil, son gros ventre se soulève par moment et on y devine l'angle d'un pied ou d'un coude. Ma main part à sa rencontre. Quelques millimètres de chair me séparent de mon bébé vivant. Neuf heures nous séparent de ce même bébé mort. J'ai tant envie de le serrer contre moi, et je redoute en même temps ce moment fatidique...
Jamais je n'aurais cru qu'on puisse tant aimer un être pas même né. Et c'est ce même amour qui va précipiter demain notre séparation. C'est très dur à admettre mais il le faut pourtant...
Je pense à la tristesse d'une vie sans course dans les champs, sans randos en montagne, au désenchantement d'une existence entière vécue par procuration, à l'épilogue d'un certain film de Clint Eastwood.
L'amour des parents ne suffit malheureusement pas à donner du sens et à justifier une vie d'enfant.
Je crois que la fatigue me fait écrire n'importe quoi. Je voudrais ne jamais m'endormir pour n'avoir jamais à m'éveiller sur un jour sans lui.
Il va me manquer tellement...


4 juin 2007:
Ça y est, nous  y sommes désormais, la clinique n'a pas changé depuis que nous y étions venus pour ta naissance, deux ans et demi plus tôt, mêmes petits berceaux transparents poussés par les mêmes parents au sourire béat.
A 17h45, maman vient  d'avaler trois cachets afin que son col commence progressivement à se dilater.
Je connais déjà l'exercice, lorsque l'émotion est trop intense, je me réfugie derrière une description froide des évènements.
Car rien ni personne ne prépare à une telle épreuve où la vie et la mort se mêlent si intimement.
Dans le ventre de maman, le bébé bouge tellement bien qu'on serait presque tenté d'oublier toutes ces images en noir et blanc, ces écrans d'ordinateur qui le condamnent sans appel. Et pourquoi pas l'emmener jusqu'au terme ? Faire un pied de nez à la médecine et lui offrir pour son plus grand malheur le pire des cadeaux: la vie.


 1er juin 2007:
L'épreuve terrible que l'on traverse est fort propice au mysticisme.
"Il part pour les étoiles", "Vous allez le confier aux anges", "Dieu le rappelle à lui"... que n'avons-nous entendu...
Même les psys sont de la partie : "parlez-lui, il entend et comprend tout ce que vous lui dites".
La réalité est, me semble-t-il, plus prosaïque: une putain d'hémorragie cérébrale qui ne cesse de grossir au point de compromettre le développement du cerveau et condamne cet enfant à une vie végétative.
Comment croire en un Dieu qui laisse faire cela, laisse mourir les bébés et pleurer les mamans ?


27 mai 2007:
Disserter avec un médecin cravaté dans un cabinet climatisé d'une vie qui mérite ou non d'être vécue est une chose.
Serrer dans ses bras son bébé qu'on vient de tuer avant de le mettre au monde en est une autre.
Entre ces deux étapes ultimes d'un même processus, quatre semaines atroces à espérer que le pire ne soit pas certain, puis à tenter de se convaincre que notre décision d'interrompre la grossesse soit bien la bonne et enfin à attendre, cruelle et insupportable attente qui distille chaque nuit un peu plus ce même poison dans nos coeurs.
Nul ne peut se résigner à laisser mourir son enfant. Alors bien sûr, notre décision est prise et irrévoquable: Nous choisissons de ne pas le laisser vivre une vie de souffrances, de handicaps lourds et de frustrations,  mais lorsque ce n'est plus la raison qui parle, tout en nous refuse cette condamnation.
Et il faut voir sa maman continuer de le caresser tendrement à travers son gros ventre douloureux, prendre des repas riches et équilibrés "pour le bébé", laver consciencieusement au savon de Marseille le vêtement de poupée qui habillera son corps sans vie et découdre les étiquettes par trop irritantes...
"Si on devait vous tuer demain avec votre enfant, refuseriez-vous de le nourrir aujourd'hui" écrit Primo Levi, évoquant dans "Si c'est un Homme" ces femmes partant pour une mort certaine les bras chargés d'enfants...


9 mai 2007:

Mon fils, hier encore l'amour pour toi n'était qu'une idée théorique, qu'un exercice de style et aujourd'hui, dans l'obscurité inquiétante d'une salle d'échographie, il m'a pété à la gueule comme la rupture d'anévrisme dans ton petit cerveau en gestation. Les psys de 'Parents Magazine' avaient donc raison: l'amour ne se divise pas, il se multiplie et ainsi donc, tout en continuant d'aimer éperdument ton grand frère, je sens naître pour toi des sentiments à nuls autres pareils: je t'aime mon tout petit chéri et faut-il l'avouer, j'ai peur de m'attacher déjà trop à toi tant ton avenir est incertain... Et pourtant comment faire autrement lorsque je te sens gesticuler là, tout contre ma main tandis que maman te fait écouter de la musique. Et si ce doit être là la seule et unique façon d'être tes parents, et bien ainsi soit-il...
Il est trop tard pour nous: maman et moi sommes déjà prêts à t'accueillir dans nos coeurs, et quelles que soient nos souffrances à venir, mon amour, nous t'attendons...


21 avril 2007:
Voici un bilan en image de ta première journée sans couche... C'est par ailleurs ce même jour où tu abandonnes ton gros cul si charmant que tu as choisi pour annoncer à ta maman que tu ne veux pas du petit frère dont elle te parle depuis quelques temps.
Tu dois redouter j'imagine que nous t'aimions moins en sa présence tandis que de mon côté je me demande encore comment je pourrai humainement aimer quelqu'un autant que toi. Atmosphère psychologique aggravante s'il en est pour l'apprentissage de la propreté, et pourtant seulement deux jours plus tard, nous n'avons presque aucun accident humide à déplorer à la fin de la journée.


6 avril 2007:
On se balade main dans la main sur la place de la Comédie où tu as déjà tes petites habitudes:

Avant tout, priorité au chocolat. Viennois s'il vous plaît ! Tu as bien vite compris que c'est à la crêperie qu'ils rajoutent de la crème par dessus et des pépites de chocolat sur le haut.
Direction donc, la crêperie de la Comédie où tu fais craquer toutes les jeunes-filles qui passent avec tes moustaches de chantilly jusqu'aux oreilles. Moi je prends un air blasé et leur réponds d'un sourire entendu -merci fiston, je te revaudrai ça...
C'est ensuite la course jusqu'au manège de l'esplanade. Tu te précipites sur la moto de police mais, couché sur le réservoir avec les bras ballants, tu te ravises comme d'hab: on est décidément mieux dans le camion de pompiers. De plus, on y est à l'abri des pompons de laine que la dame du fond s'amuse à nous balancer dans la figure.
Un petit tour par les canards avant d'aller se mêler aux enfants hurlant du parc. Par certains côtés, que cette foule est rassurante, presque lénifiante et pourtant...

Et pourtant je ne peux me défaire de l'image glaçante d'une foule marchant le nez en l'air au bord d'un précipice lorsque je prends conscience des atteintes profondes et répétées faites à l'environnement autant que de l'épuisement alarmant de nos ressources naturelles.
Bien sûr, quand j'étais gamin on  nous parlait déjà de la protection nécessaire de la nature ainsi que des méfaits de la pollution, mais nous avons depuis changé d'échelle et l'enjeu est désormais, sinon la survie de la planète, tout au moins le maintien de conditions de vie décentes pour tous.
Jamais cet enjeu ne fut si bien exprimé qu'en 1992 par quelques 1700 scientifiques parmi les plus éminents de la planète, incluant la majorité des prix Nobels scientifiques, et qui s'exprimaient en ces termes:

"Les êtres humains et le monde naturel se dirigent vers une collision catastrophique. L'activité humaine inflige des dégâts sévères et parfois irréversibles à l'environnement et à ses ressources. Si nous ne changeons pas nos pratiques courantes, nous mettrons en danger le futur de la société humaine et des autres espèces vivantes. Des changements fondamentaux doivent survenir d'urgence si nous voulons éviter la catastrophe".

A l'époque ce vibrant appel passa complètement inaperçu tant certains scientifiques se permettaient encore de tempérer le catastrophisme de leurs confrères tandis qu'aujourd'hui, plus aucun chercheur sérieux ne remet plus en cause ni la réalité ou l'ampleur des atteintes à l'environnement, ni même leur origine, à avoir les activités humaines. Sur ce point, le 4ème rapport du G.I.E.C. paru récemment est particulièrement éloquent: les changements sont déjà bien engagés et le défi n'est plus de les éviter mais bien de limiter leur ampleur...
J'ai toujours été sensible aux thèmes environnementaux, mais il faut bien reconnaître que depuis toi, mon fils, cette préoccupation tourne à  l'obsession: j'ai sacrément la trouille mon enfant de te laisser dans un monde invivable, violent et sans espoir. Et je ne sais par ailleurs que faire pour changer cela, sinon de réduire autant que faire se peut notre impact sur l'environnement en consommant moins, recyclant au maximum, partageant avec qui veut l'entendre mon inquiétude sur la question et appelant de mes voeux des solutions plus radicales.
Mais cela sera-t-il compatible avec notre mode de société actuel ? J'en doute fort...
Ben tu vois fiston, face à  la certitude absolue de mon amour pour toi, je n'ai à  t'offrir que le doute et la crainte d'un avenir incertain...


20th March 2007

The day had started off somewhat badly  with mending your cardboard aeroplane which had gone  wrong:After half an hour of trying hard, I strutted off proudly to put my saw and screwdriver away, feeling high on fulfilling my fatherly duties but then the next minute you dampened my enthusiasm with "daddy, broken...."

o.k. to hide my dismay, I instantly discovered a new activity for you : after a discreet visit to the bin (since then we've bought you a new metal plane), and got out the tricycle which you had refused any interest in over the last few months.
And then, on the dot of  11H07, divine revelation: a short ring on the bell,  pedal up, foot down and then it's the frenzic starting line for the Rue de Rethel descent. A short-lived episode seemingly not affecting you because since then you seem to be ignoring this wonderful engine again, but for your father a marvellous trip in time and space as I get a flashback to my first red tricycle just like in a dream and my best bumps in Ibis Park at St-Germain-en-Laye going over "swan bridge", my first bike and millions of rides over concrete on the estate at Argenteuil, then my first attempts at several hour trips, then day long ones; and finally my first trips over several weeks with my tent and saddle bags on the back carrier and then like in search of the  grail, never fulfilling but forever feeding my dream machine fantasy: going round the world by bike.


ok then, I know that shrinks will curse this father for being far too intrusive in the life of his child, but it's my weakness and in any case I (one) couldn't care a damn and I find myself  dreaming that one day you'll also get excited whilst dreaming of far flung wild countries which you'll explore on your bike whilst clumsily lay bare the spokes of your back wheel.Hey will you let me come along with you ?


ça mord ?
13th March 2007
Tuesday morning by the river with your mum, in the warmth of an early Spring - on account of global warming... We're fishing using a stone as a hook and chucking bread to the ducks but these flying imbeciles, instead of waiting nicely taking it in turns for their crust, spend their time snatching feathers off each other to be the winner in grabbing favours from your hand feeding them. Hold on, you'll see what your dad's going to do! I get loads of stones and attack  the most excited of the males so that you can feed the worn out females. I don't know! Your mum may well have insisted that it's nature's way, for the time-being I want to carry on rocking you in the gentle illusion that the law of the strongest is not the only worthwhile one...
The same evening, a mother and her daughter 2 months younger than you come to visit. Where does the idea come from that you just have to be more or less the same age to become friends ?

While the mother announces proudly that at the early age of 2 her offspring already knows colours (we are very careful not to tell her that at the same age you already knew all the visible parts of the spectrum in French and also in Turkish), her little 90cm high monster nicks your toys and in guise of hugging hits you with both hands. It's idiotic power which systematically overcomes everything else.
In the meantime, you turn your back away and try at least to save  your firebrigade lorries and give us a bewildered glance and you make us witness this red-handed injustice.
But although feeling death within ourselves,  your mother and I remain passive, even try to smile wrily. With clenched fists, I need a good dose of self-control not to smack this naughty toy car stealing thief.
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You remain unaware of this, only understand how urgent the situation is and in your eyes I discover total misunderstanding :
How come this dad who was so prompt in playing at  judges down by the water doesn't intervene in such a situation?


How can I explain to you my angel that we're trying to teach you to fend for yourself  at risk of hurting your sensibility.And why alone ? I hardly dare say it as the idea causes me so much pain, because daddy won't always be there to protect you from thick idiots and their croche-pattes.
And so through the manipulations of this little idiot, I can see clearly and obscurely the cursed and at the same time blessed day when you will have to let go of my hand to take the road alone; But thank God, it's not yet for today...


3rd march 2007
For the last two weeks, it's your mum who's "in". From morning till night " mummy where are you ?", "mummy my bottle"....Daddy has been demoted to assistant and is only requested for special capacities in switching the computer on or carrying you on his shoulders.
Last night however, when you were going off to sleep, I heard your tiny high pitched voice calling me :
"Daddy! Come here!" I hurry into your room, my heart beating, convinced that my time of glory has returned, lean over your little cot with a grin on my face:
- Daddy ?"..
-"What do you want love ?
-"Daddy, I want mummy!"
-...
Maybe    you've noticed in our conversations or by her growing tummy, the unsupportable rivalry of a little brother or sister...
If only you knew, little angel how this fast approaching arrival of a new child in our home puts me off balance as well.. Far beyond normal worrying: will we be able to manage two ? There is also a dull anxiety: will I be able to love it as much as you ? This still seems highly inprobable and in this area as in so many others, I prefer to remind myself that "Life holds many surprises for us"...


mon petit prince...20th February 2007
Everything has gone pear-shaped over the last few days: First of all coming back from our holidays and then the bread machine which is showing signs of premature ageing and ending the baking cycle too soon, my gums which are hurting me,     work on the house to install a real bathroom which is getting on my nerves before it's even started, mum who wants us to go to Ikea, the laptop which I can't get my head round properly with Linux and then you who won't leave me  in front of the screen not even for a minute without begging for "Papa Pingouin" or Ilona Mitrecey tubes... You seem oblivious to the importance of my worries and instead of leaving daddy alone in these precarious situationsm I have to help you to fly your cardboard plane or to put your koala bear mask on ...
When I reach exasperation, you do as well and start crying at the least little thing..
You cling to me and then I am overwhelmed by an unbelievable feeling of shame: Have I become indifferent to the wonders of the world which you reveal to us each and every day ?
I then have the impression of being this serious and very stupid grown up man who does an adult's work without ever understanding the "Petit Prince's" questions...
My goodness what's happening to me ? Thanks you son for reminding me of the real hierarchy of things and don't forget to always come and get me when I seem to have forgotten you..
Come on then let's find some elastic bands to hold your plane wings on and we'll even paint them red...
Today everything's fine!


9th February 2007
I have to note the fact that I am writing less on this blog. This is in no way a reflection on my feelings for you becoming less intense, quite the contrary in fact. I 'm just afraid of tiring of repeating  too much that I love you. I try to find other themes of interest, my travels, my climbs, the people I meet, the things I read, but all of them bring me back to the same thing : love and the happiness of sharing this life with you and your mother.
Will I grow weary one day myself of telling you that I love you ?
Judging  by this feeling I have for you which devours me a bit more each day, nothing is less sure  and now with your acquisition of language, this same feeling takes on a whole new dimension..9th February
Could I ever love another child as much as I do you ? This question gnaws at me as the reality of it unfolds, but I cannot and don't wish to say more about it for now.
So whilst laying bare these feelings, if I had to dig deeper I would find a real fear - but this is neither the time nor the place to talk about it here -a fear which I found expressed in the most naive way possible in a children's book at the library, written underneath the picture above:" We find it hard to put up with realising that those whom we love can die suddenly, even when they're  young and that we would have to live without them"

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